Je suis une femme dans un métier traditionnellement masculin

Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre quand je me suis inscrite au programme de Charpenterie-menuiserie. En 2015 à Rosemont, j’avais complété avec succès un DEP en Finition de meubles, mais la menuiserie requiert des compétences très différentes. Je suis la seule femme dans un groupe de 21 élèves, en fait la seule femme pour les 3 groupes de Charpenterie-menuiserie actuellement en formation. Je suis aussi la plus vieille de ma classe. C’est ma première expérience à titre de minorité visible. C’est un peu surréaliste et parfois inconfortable. [Profonde respiration]

Mais oublions le stéréotype du menuisier de type armoire à glace qui balance un marteau. La réalité de 2016 est tellement plus diversifiée et intéressante. C’est le moment de souligner le support et l’attitude positive des 20 hommes de ma classe qui ne ratent pas une occasion de me faire savoir que je ne suis pas la seule à ignorer des trucs et à devoir poser des questions. Même chose pour tous les instructeurs que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant. Chacun apporte tant de connaissances, de dévouement et de passion. Une chose rare et belle à voir.

Je ne vous mentirai pas, ce programme représente tout un défi. Ça ne suffit pas qu’une ligne soit à peu près droite ni qu’un angle frôle les 90 degrés. Nous opérons une variété d’outils et de machineries. Précision, constance, qualité — on n’y arrive qu’avec la pratique. Tout est dans la concentration, la planification, la maîtrise de ses outils et l’art de transposer un plan dans la réalité. Souvent avec une marge d’erreur en millimètres. Sans stress !

Par contre, c’est vraiment satisfaisant quand tu peux faire le travail adéquatement et en tirer de la fierté. On fabrique des choses qui durent, que les gens peuvent utiliser dans leur quotidien. Ça vaut la peine d’y mettre les efforts. Développer ces compétences exige beaucoup de travail, mais c’est un processus agréable. L’école est un endroit plutôt positif et agréable. Plusieurs des instructeurs et du personnel, comme les élèves, ont eu d’autres boulots, ont vécu d’autres vies. Ils ont choisi d’être ici et semblent adorer ce qu’ils font.

Alors, voici ce que j’ai découvert : la Charpenterie-menuiserie requiert de la cervelle (mathématiques, angles, mesures…), de la créativité (pour résoudre les problèmes) et de la force physique. Peu importe à quel point tu es bon, ou moins bon, tu t’améliores avec chaque projet. C’est un lieu où se rencontrent des idées, des fonctionnalités et du travail physique. J’ai fait bien d’autres choses dans ma vie, mais la Charpenterie-menuiserie semble les regrouper toutes. Et puis il y a le plaisir de dire « j’ai fabriqué ça » ou j’ai aidé à fabriquer ça ».

Dans un monde de plus en plus virtuel, j’aime travailler avec de vraies machines, du vrai bois, faire de vrais efforts et obtenir de vrais résultats. Ça vient avec de la vraie fatigue, évidemment, mais aussi avec une vraie bière froide après !

Kathryn McCully,
Élève en Charpenterie-menuiserie
CVCEC

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